Le français du Québec en pleine mutation
Depuis quelques années, on a assisté à une vague d’immigration de Français, qui, pour diverses raisons, se sont installés en grande partie sur le Plateau Mont Royal. Aujourd’hui, les Français y sont partout : dans les boutiques, les cafés, les restaurants, etc.
Rencontrer un Québécois dans ce quartier aujourd’hui relève quasiment de l’exploit!
Rien d’étonnant que nos cousins français tombent en amour avec Montréal et le Québec si l’on sait que de l’autre côté de l’océan, l’accès au marché de l’emploi devient terriblement difficile, qu’on rêve aux grands espaces de l’Amérique du Nord et qu’en plus la langue française que nous partageons fait tomber une certaine barrière culturelle.
Le français de France
Le nombre de Français vivant à Montréal a aujourd’hui dépassé les 60 000. Pas surprenant donc que cette vague de Frenchies ait une influence sur la langue parlée par les Québécois. Alors qu’il y a 20 ans, un Québécois qui utilisait le mot ‘vachement’ ne le faisait que pour se moquer gentiment de ses cousins Français, il l’utilise aujourd’hui sans même y porter attention.
En effet, qu’ils en soient conscients ou pas, les Québécois ne peuvent pas faire autrement que d’être influencés par la langue et la culture françaises. Si l’on considère que films, musique et autres produits culturels traversent l’océan en un seul clic sur le cellulaire, comment pourrait-il en être autrement?
C’est un fait : à l’ère des réseaux sociaux et des youtubeurs qui sont, pour certains, aussi populaires que les groupes de musique, les pays se rapprochent et les langues se mélangent.
Enrichissement culturel ou appauvrissement identitaire?
Les Français rapportent évidemment, eux aussi, toute une kyrielle de mots et d’expressions du Québec vers le vieux continent où, autrefois considérée comme colorée, notre langue est en train de devenir une mode.
D’aucuns pourraient considérer que de ce mélange résulte nécessairement un appauvrissement de notre identité. Les traits caractéristiques d’une culture s’appauvrissent et perdent chaque jour un peu de leur valeur lorsqu’ils sont exportés. Il est aujourd’hui possible de manger de la poutine et des bagels à Paris. Mais est-ce que la poutine parisienne mérite réellement de porter ce nom? J’en doute fort!
Cela dit, je ne pense pas qu’il soit, pour autant, question d’un appauvrissement, bien au contraire. Les cultures se mélangent parce que nous sommes à l’ère de la mondialisation et si les frontières physiques sont encore en place, les barrières culturelles tombent une à une. La curiosité et l’ouverture vers le monde sont des qualités bien plus grandes que les valeurs identitaires. De nos jours, rares sont les personnes qui ne parlent qu’une seule langue et qui n’ont pas l’envie de voyager et de découvrir d’autres pays et d’autres cultures. Si elle a commencé pour des raisons commerciales, l’ouverture vers le monde extérieur est tout naturellement devenue, au fil du temps, une curiosité très saine vers l’autre.
Bref, nous voyageons, nous découvrons, nous aimons et nous adoptons.
Nos langues se croisent, s’entremêlent et s’enrichissent mutuellement. Et c’est très bien comme ça!
‘Alors du coup, y’a aucun soucis à s’adapter au frette et aux nids de poules de l’hiver. Ça peut même être vachement le fun!’
Auteure: Emmanuelle Guidez