Utilisons-nous trop d’anglicismes?
Sujet intarissable : les Québécois reprochent aux Français d’utiliser moult anglicismes dans la langue de Molière. Les Français, eux, se défendent en arguant que les Québécois en utilisent tout autant, mais simplement sur des mots différents, ce qui expliquerait qu’ils voient la paille dans l’œil de leur voisin mais ne voient pas la poutre dans le leur. Qu’en est-il exactement?
S’il est vrai que les Québécois subissent l’influence de leurs voisins anglophones et que l’anglais s’est insinué dans leur langue sans même qu’ils n’en aient conscience, on pourra leur trouver l’excuse d’être entouré de 300 millions d’anglophones et d’avoir dû vivre dans un environnement essentiellement anglais jusqu’au début du 20ème siècle.
Cela sinon justifie, du moins explique, que de nombreux mots anglais se soient immiscés dans leur quotidien, très souvent de façon involontaire.
Toutefois, pour leur défense, les Québécois traduisent presque tous les mots et expressions de l’anglais, parfois même de façon littérale dans un effort constant de préserver leur langue, qu’ils ont dû lutter pour conserver au fil des siècles. Combat, qui n’est d’ailleurs toujours pas gagné si l’on en croit les puristes de la langue, qui se désolent de constater l’introduction de nombreux mots issus de l’anglais dans la langue quotidienne.
Si l’on se tourne du côté du vieux continent, on observe effectivement une utilisation devenue abusive d’anglicismes, qui, malheureusement ne s’explique pas par des faits historiques ou sociaux, mais tout simplement par un désintérêt de la langue française.
En effet, les Français n’observent pas une politique linguistique très stricte.
Notons comme exemple le fait que le Québec, s’efforce de faciliter l’intégration de ses immigrants dans la société et sur le marché du travail en obligeant ses nouveaux arrivants à apprendre la langue française, les Français, eux, sont nettement plus laxistes à ce sujet.
En France, on utilise l’anglais parce que c’est cool!
Les Français manqueraient-ils de fierté pour leur langue? Ce qui serait plutôt contradictoire, si l’on considère qu’ils sont convaincus de parler un meilleur français que les Québécois (oui, oui, malgré tous leurs anglicismes!!).
Est-ce parce qu’ils n’ont jamais senti le danger d’être assimilés à une culture étrangère qu’ils ne ressentent pas le besoin de protéger leur patrimoine? Peut-être, mais s’ils ne se réveillent pas bientôt, l’Académie française, déjà bien archaïque, ne sera plus qu’un vague souvenir et la référence de la langue se situera au Québec et non plus en France, qui en a pourtant été le berceau.
La conclusion est que l’anglais est devenue une langue passe-partout, apprise et comprise de tous. Elle est extrêmement présente dans nos esprits pour des raisons culturelles et technologiques et il est donc parfaitement naturel qu’elle s’immisce également dans notre façon de parler au quotidien.
Il est toutefois important d’en avoir conscience et de continuer de protéger notre belle langue française, qui est le joyau de notre patrimoine culturel, et surtout d’en être fiers.
Auteure: Emmanuelle Guidez